La notion d’émergence ne s’applique souvent en Afrique qu’au domaine économique. Or d’autres secteurs sont à l’évidence concernés, dans nos pays où tout est en général, à bâtir. Dans le domaine médical, en particulier, nous avons assisté ces dernières années, à l’éclosion puis à l’émergence de disciplines nouvelles sorties pour la plupart, de la matrice de la médecine interne. Il en est singulièrement ainsi en Côte d’Ivoire, de l’Endocrinologie, Métabolisme et Nutrition.
I-LA GENESE DE L’ENDOCRINOLOGIE, METABOLISME ET NUTRITION EN AFRIQUE NOIRE FRANCOPHONE
Il était une fois le diabète sucré. Son existence dans nos contrées fût d’abord niée. Mais à la fin des années 1970, un cinglant démenti fut porté par Sankalé et coll. Qui en rapportèrent 1000 cas lors des « Journées Médicales de Dakar ». Par la suite, après l’ouverture en 1986 d’une consultation spécialisée d’Endocrinologie en Côte d’Ivoire, il apparut logiquement qu’à côté du Diabète, toutes les autres affections endocriniennes et métaboliques y étaient présentes.
II-LE CADRE INSTITUTIONNEL DE LA PRISE EN CHARGE DE LA PATHOLOGIE ENDOCRINIENNE ET METABOLIQUE
En Côte d’Ivoire, la prise en charge médicale du diabète fut très tôt confiée au Centre Antidiabétique d’Abidjan crée au milieu des années 1970. A Dakar, dès le début des années 1990, fut érigé, grâce à l’effort des diabétiques eux-mêmes, le « Centre Marc Sankalé » qui reste à ce jour, le seul « Centre collaborateur » de l’OMS dans le domaine du diabète en Afrique.
Sur le plan institutionnel, la prise en charge du diabète a bénéficié de la création de « Programmes Nationaux du diabète ». Par ailleurs, des services d’endocrinologie ont été ouverts ces dernières années dans certains pays.
III-LA SITUATION DES RESSOURCES HUMAINES
« La moisson est très abondante, mais les ouvriers sont trop peu nombreux ». Tel pourrait se résumer éloquemment, la situation des ressources humaines ici. Pour autant, la situation n’est guère figée et des germes de progrès futurs existent.
IV-LE PANORAMA DE LA PATHOLOGIE ENDOCRINIENNE ET METABOLIQUE
L’ensemble des maladies métaboliques et endocriniennes est représenté en Afrique Noire francophone avec des particularités qui méritent d’être soulignées. Ainsi par exemple, une forme singulière d’acido-cétose existe en Afrique subsaharienne : le « diabète sucré atypique avec tendance à la cétose ». D’abord, rapporté à Paris par Mauvais Jarvis et coll., des casuistiques en ont émané depuis, en Côte d’Ivoire et au Congo-Brazzaville. Par ailleurs, nous avons-nous-mêmes décrit des cas inédits de « Précoma hyperosmolaire », caractérisés par leur bon pronostic et que nous avons baptisé « Syndrome hyperglycémique hyperosmolaire atypique ».
V-LES PERSPECTIVES
Face à l’émergence de la pathologie endocrinienne et métabolique, et surtout eu égard à la similitude des tableaux cliniques mais aussi des problèmes de prise en charge, nous pensons que l’avenir de cette discipline réside dans la collaboration.
CONCLUSION
En marge de la médecine interne et sorties de sa matrice, se sont créées de nouvelles disciplines cliniques dont l’Endocrinologie, Métabolisme et Nutrition. Celle-ci couvre un vaste champ ; le diabète qui reste la pathologie dominante étant devenu un véritable fléau à l’échelle planétaire.